La myélopathie dégénérative est une maladie dégénérative des cellules nerveuses de la moelle épinière, principalement thoracique.
On retrouve cette maladie essentiellement chez le Berger Allemand, le Rhodesian Ridgeback, le Boxer, le Chesapeake Bay Retriever et le Pembroke Welsh Corgi.
Les symptômes apparaissent vers l'âge de 9 ans. Dans un premier temps, l'animal atteint présente des troubles de l'équilibre et une faiblesse des membres postérieurs.
Les symptômes s'aggravent progressivement conduisant à une paralysie des membres postérieurs, puis les membres antérieurs sont aussi touchés et on finit par observer une paralysie des quatre membres. A ce stade l'animal à du mal à manger, n'arrive parfois plus à aboyer et présente une incontinence urinaire et fécale.
Le pronostic de cette maladie est mauvais du fait de l'aggravation des symptômes et de l'absence de traitement.
Il existe un test génétique pour cette maladie.
Synonymes :
Radiculo-myélopathie chronique dégénérative
Dénomination Anglo-Saxonne:
Degenerative myelopathy
La myélopathie dégénérative est une maladie conduisant à une dégénérescence axonale et une démyélinisation touchant les tractus sensitifs et moteurs de la moelle épinière thoracique (dans des cas très sévères on peut avoir une dégénérescence qui s’étend jusqu’à la moelle épinière lombaire).
La pathogénie de cette maladie n’est pas bien connue mais on suppose qu’une ou des anomalies au niveau des transports axonaux antérograde et rétrograde seraient responsables.
On rapproche cette maladie de la sclérose latérale amyotrophique retrouvée chez l’homme.
La superoxyde dismutase 1 est une des protéines les plus abondantes du système nerveux central et sa déficience a été reconnue comme étant un des facteurs de risques d’apparition de la maladie. En effet, la mutation du gène codant pour cette protéine conduit à une anomalie de conformation qui serait responsable :
- D’une accumulation d’agrégats insolubles qui altèreraient les fonctions intracellulaires ;
- Ou de la création de substrats toxiques.
L’un ou l’autre de ces mécanismes conduisant alors à la dégénérescence des neurones et des cellules gliales.
Epidémiologie
Race(s) concernée(s) :
Le Berger Allemand, le Rhodesian Ridgeback, le Boxer, le Chesapeake Bay Retriever et le Pembroke Welsh Corgi sont les 5 races les plus fortement représentées. Mais on retrouve aussi cette maladie chez le Bouvier Bernois, le Caniche (nain), le Kerry Blue Terrier, Le Husky, le Cardigan Welsh Corgi, le Golden Retriever, le Fox Terrier à poils durs, l’American Eskimo dog, le Carlin et le Terrier Irlandais à poils lisses.
Age d’apparition des symptômes :
En général pas avant l’âge de 5 ans mais la plupart des chiens ont en moyenne 9 ans lorsque les premiers signes cliniques apparaissent.
Sexe :
/
Déterminisme héréditaire
Mode de transmission :
Autosomique récessif avec pénétrance incomplète.
Locus atteint :
Gène codant pour la superoxyde dismutase 1 (SOD1) porté par le chromosome 31.
Mutation :
o Retrouvée chez 124 races de chiens dont celles citées précédemment : Mutation faux sens par substitution (transversion) d’un G en A en position 118, au niveau de l’exon 2 du gène.
o Bouvier Bernois : Substitution d’un A en T en position 52 du gène.
Remarque :
- L’existence de la 1ère mutation chez un chien est un facteur de risque de développer la maladie. En effet, les animaux homozygotes A/A sont beaucoup plus à risques de développer cette maladie que les animaux hétérozygotes (mais ces individus peuvent transmettre l’allèle A à leur descendance) ou homozygotes G/G. Cependant des chiens peuvent être homozygotes A/A et ne pas développer la maladie. Dans de rares cas, on a confirmé par histologie l’existence de cette maladie chez des chiens hétérozygotes.
- La 2ème mutation, mise en évidence uniquement chez le Bouvier Bernois est aussi un facteur de risque de développer la maladie mais elle est retrouvée moins fréquemment que la 1ère mutation. Les deux mutations n’ont jamais été retrouvées en même temps chez un individu.
Expression clinique
Symptômes
Les premiers symptômes d’appels de la maladie sont une
ataxie et une
parésie spastique modérée des postérieurs (on observe à cette occasion une usure des griffes des membres postérieurs). Au début les
réflexes médullaires au niveau des postérieurs sont normaux à augmentés ce qui est compatible avec une atteinte médullaire de type MNC localisée en T3-L3. Le réflexe de flexion peut être normal ou mettre en évidence une extension croisée.
L’ataxie s’aggrave progressivement pour conduire à une
paraparésie non ambulatoire. Si l’animal n’est pas euthanasié à ce stade de la maladie (ce qui arrive plus fréquemment chez les chiens de petites races), les signes cliniques vont évoluer vers une
paraplégie de type MNP au niveau des postérieurs (absence de
réflexes médullaires et amyotrophie). En fin d’évolution, il y a atteinte des membres antérieurs.
Au stade terminal de la maladie on met en évidence une
tétraplégie flasque, une faiblesse musculaire et une possible atteinte des nerfs crâniens qui se manifestent par une dysphagie, une impossibilité à aboyer ainsi qu’une
incontinence urinaire et/ou fécale.
Evolution :
Aggravation rapide des symptômes sur 6 à 12 mois pour atteindre le stade de la paraparésie non ambulatoire.
Pronostic :
Mauvais. Les animaux atteints sont en général euthanasiés dans l’année qui suit l’apparition des symptômes du fait de leur gravité. Les chiens de petites races sont en général euthanasiés à un stade plus tardif de la maladie car leur gestion par le propriétaire est plus aisé et on observe plus fréquemment chez eux l’atteinte des membres antérieurs, les signes de type MNP et des incontinences.
Traitement :
Il n’existe pas de traitement spécifique connu ce jour.
Diagnostic
Le diagnostic ante-mortem de cette affection est un diagnostic d’exclusion. C’est le diagnostic histologique post-mortem qui permet la confirmation du diagnostic.
Ante-mortem
Imagerie :
IRM de la moelle épinière sans anomalie.
Analyse du LCS :
Pas d'anomalie.
Histologie :
Test génétique :
OUI
Races concernées | Laboratoires* | American Eskimo Dog / Berger Allemand / Berger des Shetland / Bouvier Bernois / Borzoi / Boxer / Caniche / Cardigan Welsh Corgi / Carlin / Chesapeake Bay Retriever / Fox Terrier à poils durs / Golden Retriever / Kerry Blue Terrier / Montagne des Pyrénées / Pembroke Welsh Corgi / Rhodesian Ridgeback / Terrier Irlandais à poils doux
| Orthopedic Foundation for Animals
http://www.offa.org/dnatesting/dm.html
|
Genindexe
http://www.genindexe.com/
|
VetGenn
http://www.vetgen.com/index.html
|
Laboklin
http://www.laboklin.de/pages/php/news.php?lang=en
|
Animal Molecular Genetics Laboratory – University of Missouri
http://www.caninegeneticdiseases.net/
|
Animal Genetics
http://www.animalgenetics.us/
|
Vet DNA Center
http://www.vetdnacenter.com/
|
Genetic Technologies
http://www.animalnetwork.com.au/dnatesting/
|
Van Haeringen
http://www.vhlgenetics.com/
|
Progenus
http://www.progenus.be/
|
Vetnostic
https://www.vetnostic.com/
|
* Certains des laboratoires mentionnés ci dessus n’ont validés leur test que pour certaines des races concernées. Il convient de bien vérifier sur le site internet de chaque laboratoire si le test est validé pour la race que vous souhaitez tester.
Encore une fois, la mise en évidence, chez un individu présentant des signes cliniques compatibles avec une
myélopathie dégénérative, d’une homozygotie pour l’allèle défectueux est un élément en faveur et non pas un élément pathognomonique.
Autre :
Post-mortem
Histologie :
Lésions assez spécifiques retrouvées au niveau de la moelle épinière cervicale et thoracique en priorité (parfois jusqu’en région lombaire) : signes de dégénérescence axonale et démyélinisation, astrocytose importante.
Pour en savoir plus
Zeng R, Coates JR, Johnson GC, Awano HT, Kolicheski A, Ivansson E, Perloski M, Lindblad-Toh K, O’Brien DP, Guo J, Katz ML and Johnson GS, (2014). Breed Distribution of SOD1 Alleles Previously Associated with Canine Degenerative Myelopathy. Journal of Veterinary Internal Medicine, Volume 28, Pages 515-521
Wininger Fa, Zeng R, Johnson GS, Katz ML, Johnson GC, Bush WW, Jarboe JM and Coates JR, (2011). Degenerative Myelopathy in a Bernese Mountain Dog with a Novel SOD1 Missense Mutation. Journal of Veterinary Internal Medicine, Volume 25, Pages 1166-1170
Coates JR and Wininger FA, (2010). Canine degenerative myelopathy. Veterinary Clinics of North America: Small Animal Practice, Volume 40, Pages 929-950
Awano T, Johnson GS, Wade CM, Katz ML, Johnson GC, Taylor JF, Perloski M, Biagi T, Baranowska I, Long S, March PA, Olby NJ, Shelton GD, Khan S, O’Brien DP, Lindblad-Toh K and Coates JR, (2009). Genome-wide association analysis reveals a SOD1 mutation in canine degenerative myelopathy that resembles amyotrophic lateral sclerosis. Proceedings of the National Academy of Sciences, Volume 1106, Numéro 8, 2794-2799